VI
C’était le matin du 15 juin et Guy Burckhardt s’éveilla en hurlant au milieu d’un rêve.
C’était un rêve monstrueux et incompréhensible, avec des explosions, et avec des ombres qui n’avaient rien d’humain. Une terreur sans nom.
Il frissonna et ouvrit les yeux.
Par la fenêtre de sa chambre lui parvenait une voix rugissante, prodigieusement amplifiée.
Burckhardt s’approcha de la fenêtre et regarda au-dehors. L’air piquant évoquait davantage octobre que juin, mais le paysage était normal, hormis la camionnette-radio rangée le long du trottoir, à quelques maisons de distance. Ses haut-parleurs hurlaient :
« Etes-vous un dégonflé ? Etes-vous un imbécile ? Allez-vous permettre à des politiciens véreux de mettre la main sur le pays ? Non ! Allez-vous encore subir quatre années de corruption et de crime ? Non ! Allez-vous voter sans panachage pour le Parti Fédéral ? Oui ! Bien sûr que vous le ferez ! »
Parfois, le haut-parleur gronde ; d’autres fois, il menace, il gémit, il supplie, il flatte…
Mais sa voix se fait entendre sans arrêt… Tous les jours, le 15 juin, le 15 juin, le 15 juin…
Traduit par Didier Coupaye.
The Tunnel under the World.
© Galaxy Publishing Corporation, 1954.
Publié avec l’autorisation de l’auteur et de E. J. Carnell Literary Agency.
© Librairie Générale Française, 1974, pour la traduction.